• Allez, un peu d’espoir. •
Je restais planté là, devant cette énorme porte en bois. Au dessus du heurtoir, sur une plaque dorée, on pouvait lire ”Nathalie Deschamps, Psychologue - Psychothérapeute”.
Maman avait insisté pour m’accompagner, mais j’avais refusé. Je tenais à y aller seule. Je m’y étais rendue a pied. J’avais marché une bonne heure. J’aurai pu prendre le métro mais ces derniers temps je ne supporte plus de voir des gens, alors être collée à des inconnus non merci. En plus de ça, il pleuvait, et je trouve les balades plus agréables quand il pleut. Enfin, si on peut appeler ça une balade. Ça fait dix bonnes minutes que je suis là, fixant cette plaque dorée à travers laquelle je peut voir mon visage terne et mes cernes creuses. Je fais peur.
La porte s’ouvre et un homme sort de là, avec un sourire jusqu’aux oreilles. Le genre de sourire forcé, je les connais bien ceux là. Je fais un pas en arrière pour laisser passer ce drôle de monsieur. C’est une jolie dame qui lui tiens la porte et lui dit “A la semaine prochaine Monsieur Fernandez!” Ça doit être la psy, la fameuse Nathalie Deschamps. Ça y est, maintenant je suis obligée d’y aller. J’aurais dû me tirer avant. Elle me demande “Vous attendez quelqu’un?”
- “Euh.. J’ai rendez-vous.” déclaré-je.
Elle m’invita à entrer. Elle me montra la salle d’attente, et me demanda de patienter le temps qu’elle passe un coup de fil. Il y avait deux personnes dans la salle. L’une d’entre elle avait un casque sur les oreilles, était recroquevillée sur sa chaise, tenait ses jambes et avait sa tête entre les genoux. L’autre patient était aveugle apparemment. Il portait de grosses lunettes noires et un énorme chien était couché à ses pieds. Qu’est-ce que je foutais là? Même si au départ c’était mon idée, maintenant que j’y suis je me demande bien ce que je vais pouvoir lui raconter. Je n'ai pas envie de passer pour une cinglée. Je ne suis pas une cinglée.
“Lena Guerin, c’est à vous.” me dit-elle, en se tenant droitement devant la porte de son cabinet. Je me lève et la suit donc timidement. Je n’avais jamais mis les pieds chez un psy. Je m’attendais à voir une immense pièce avec une sorte de canapé où j'aurai dû m'allonger pendant qu’elle m’écoute parler seule, assise sur sa chaise, calepin et stylo en main. Enfin, ça c’est ce que l'on voit dans les films. Mais là, c’était différent. C’était une grande pièce aux murs blancs, avec un mobilier très moderne. Il y avait de grandes lampes, et un porte manteau. Un bureau en verre, où tout était à sa place. Il y avait deux grands canapés blancs, le genre qu’on met dans nos salons. Il y avait une petite table basse en verre, assortie avec le bureau, sur laquelle il y avait une boite de bonbons colorés. La table basse séparait les deux canapés, positionnés l’un en face de l’autre. Le parquet était en bois clair, il y avait plusieurs plantes vertes reparties dans toute la pièce, et un grand tapis beige délimitait l’espace où se situait les canapés et la table basse. Elle me débarrassa de mon manteau, encore trempé par la pluie, et m’invita a m’asseoir. Elle s’essaya en face de moi, sans rien dire. Elle me fixait en souriant, ce qui avait le don de me mettre mal à l’aise. Je détournais les yeux, ne sachant pas où poser mon regard. Je regardais mes pieds, entremêlant mes doigts. “Vous n’êtes pas censée dire quelque chose?” lui dis-je. “C’est plutôt à moi de te dire ça Lena.” rétorqua t’elle, avec ce sourire permanent sur son visage. Ça ne paraissait pas hypocrite. Elle avait l’air gentille. Mais tout le monde à l’air gentil à première vue. C’est ce que j’ai appris depuis ce qui s’est passé..